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HEGEL
I
– Le Système scientifique du Vrai
‘A prigessione addo’ jèsce, trase
Proverbe napolitain
§ 41 – La première chose à dire
de la systématicité de la théorie postprolétarienne
est qu’elle est conservée de la systématicité
marxienne telle qu’elle s’exprime au bout du compte dans le
syllogisme de la constitution en classe du prolétariat (§
4) – j’y reveiendrai prochainement –, laquelle est la
stricte continuation de la systématicité hégélienne
dans le paradigme ouvrier de la révolution ; la « philosophie
comme système de la science » se posant pour sa part comme
achèvement et réalisation de toute la pensée occidentale
dans son dualisme conscientiel (séparation du sujet et de l’objet
réconciliés dans leur identité processuelle)…
Tout ça vient donc de loin ! Enfin, la liaison entre la systématicité
postprolétarienne et le paradigme ouvrier tient à l’inachèvement
de la critique de celui–ci par celle–là, en ce qu’elle
laisse intouché son fond rationnel, c’est–à–dire,
précisément, sa systématicité (§ 7).
1. « Les philosophes ont seulement interprété
le monde, ce qui importe, c’est de la changer. » Depuis
ce « coup de clairon » de Marx dans l’ultime thèse
sur Feuerbach, la philosophie est disqualifiée dans le camps
des théoriciens de la révolution communiste au nom de
son irréductible « idéalisme »… «
C’est beau, mais ça ne veut rien dire. » Tel est
le commentaire lapidaire d’Althusser sur cette dernière
thèse. « Les philosophes », en effet, « ont
tous voulu agir sur le monde, pour le faire avancer comme pour le faire
régresser ou le maintenir en son statu quo » Mais «
la philosophie » reste un sujet tabou… alors que tout le
monde continu à « en faire », sans le vouloir, sans
le savoir ou en se cachant les yeux et en se pinçant le nez…
à commencer par les théoriciens postprolétariens
qui, au travers de la conservation de la systématicité
spéculative, s’inscrivent de fait dans l’histoire
de la philosophie occidentale.
2. Il est des époques où, dans l’urgence des problèmes
à résoudre, on peut ne pas être très regardant
sur l’origine des concepts que l’on met en œuvre et
où le blanchiment de ceux–ci ne pose pas de difficultés
dans la mesure où il s’agit d’une question de survie
: la période qui va de la fin des années soixante à
la fin des années soixante dix, au cours de laquelle s’affirme
la théorie postprolétairnne de la révolution, est
l’une de celles–ci. Nous n’en sommes plus là
aujourd’hui et il faudra bien aller voir de plus près ce
qui se passe depuis plus de deux millénaires dans la philosophie…
§ 42 – Ce n’est là que la façon
extérieure de prendre la chose, donc limitée ; mais on voit
déjà par cette mise en perspective le poids de l’héritage
(de l’hypothèque ?) que doit assumer la théorie postprolétarienne
de la révolution… et qui s’engage dans sa critique.
C’est le paradigme ouvrier de la révolution qui appelle la
systématicité comme schème logique de la théorie
qui le sous–tend et non celle–ci qui constitue celui–là,
lequel s’explique par le rapport de classe qui caractérise
la subordination formelle de la classe prolétaire par la classe
capitaliste ainsi que par des raisons de conjoncture politique et théorique
(philosophiques)… J’y reveiendrai.
§ 43 – Hegel n’est pas le premier à
présenter sa philosophie comme systématique : Aristote,
Leibnitz et Kant… l’ont fait avant lui, « mais cette
présentation n’est qu’une prétention dans la
mesure où la pensée de l’être qu’ils proposent,
bien loin d’être cette unité avec soi–même
constitutive de tout système, comporte en elle–même
la différence non surmontée (sous la forme de juxtaposition,
de mélange ou de domination unilatérale) du développement
de l’être pensé et du mouvement de la pensée
de cet être. Le système hégélien est, au contraire,
véritablement un système et le système, parce que
en lui l’ordre des raisons de connaître et l’ordre des
raisons d’être, le processus logique et le processus ontologique
sont identiques (…). »
§ 44 – C’est en ce sens que Hegel peut
énoncer dans la préface des Principes de la philosophie
du doit son célèbre « Was vernünftig ist (ce
qui est rationnel) das ist wirklich (est effectif) und was wirklich ist
(et ce qui est effectif) das ist vernünftig (est rationnel.) »
Le terme wirklicht – que l’on a d’abord traduit par
« réel », ici par « effectif » –
a une signification précise chez Hegel : ce qui est effectif n’est
pas le réel au sens d’une réalité donnée
abstraitement, c’est–à–dire faisant l’objet
d’une simple constatation empirique, sous la forme d’un «
en soi » immédiat, mais le résultat d’un processus
résultant d’un agir efficient qui lui donne sens comme résultat
de son propre travail d’élaboration, qui le fait accéder
à l’effectivité (wirklichkeit), au prix de la «
médiation », qui permet au contenu de développer complètement
ce qu’il est à partir de lui–même, donc de manière
« immanente ».
1. On verra une autre fois comment, en ce sens, le syllogisme
marxien du Prolétariat est l’exposé d’un tel
procès d’effectivité, moyennant le prolétariat
comme sujet politique dans son parti.
2. A part ça, on ne saurait réduire cette formule, comme
le font les Insomniaques, au slogan de Mai 68 « Prenons nos désirs
pour des réalités » – Marx est plus près
de la vérité hégélienne lorsqu’il
déclare : « j’ai toujours bravé l’opinion
momentanée du prolétariat ». Hegel n’est ni
un idéaliste romantique ni un idéaliste de la liberté
mais un idéaliste spéculatif, ce qui est complètement
différent.
§ 45 – Cette affirmation fondamentale de l’hégélianisme
permet de comprendre qu’il n’est pas conforme à l’essence
de la systématicité d’exposer ce qu’elle est
de manière formelle, c’est–à–dire comme
une méthode extérieure à l’objet sur lequel
elle s’appliquerait : en tant que forme, elle suppose son contenu,
lequel procède de sa mise en forme… La systématicité
ne s’expose pas pour elle–même, elle s’effectue,
elle est tout de suite dans son contenu : pas de « discours de la
méthode » préalable. C’est ainsi que pas plus
Hegel que Marx ne se livrent à une réflexion systématique
pour elle–même sur la méthode (et que la théorie
postprolétarienne ne s’occupe de la question que du bout
des lèvres ou incidemment). Tout au plus peut–on dire que
« le commencement et le terme du système exposé sont
eux–mêmes systématiques : la première proposition
est déjà en elle–même son auto–suppression
en direction de la dernière, et la dernière la reconduction
de la première (circularité absolue du système) »
, ou bien, dit autrement : « le texte spéculatif [synonyme
de systématique – je vais y revenir] identifie, en ses propositions,
à chaque fois, son point de départ et son point d’arrivée,
son commencement et sa fin, et par là s’organise, se configure
en un tout » ; bref, la systématicité c’est
« la compréhension achevée de la fin en sa nécessité
se présupposant dans son origine. »
§ 46 – La systématicité ne saurait
être un nouveau formalisme logique qui s’applique à
n’importe quelle représentation ; au contraire elle est intelligence,
au sens latin du terme (intuslegere), c’est–à–dire
lecture de l’intérieur, du dedans, démarche qui nécessite
« qu’on s’abandonne à la vie de l’objet,
ou ce qui signifie la même chose qu’on ait présente
et qu’on exprime la nécessité intérieure de
cet objet. » Cette attitude théorique est fondatrice de la
systématicité lorsque Hegel reproche à Kant sa «
manière de procéder (…) consistant, au lieu de dériver
du concept les déterminations d’un ob–jet, à
le placer simplement sous un schéma tout prêt par ailleurs
» … et ainsi de ne pas « saisir la logique qui est propre
à l’objet en ce que l’objet est en propre » ,
– formule que Marx reprend à son compte pour l’opposer
à Hegel lui–même en le taxant d’inconséquence
dans la mesure ou, selon lui, a contrario du programme qu’il énonce
il ne fait que « reconnaître partout les déterminations
du concept logique » et non la logique propre à ce qu’est
l’objet… c’est–à–dire les déterminations
du concept logique. C’est pour cette raison que la systématicité
est nécessairement spéculative, c’est–à–dire
« miroir (speculum) pensant du concept même immanent à
l’être » ou « identité concrète
de cet être et d’une pensée qui n’a qu’à
le refléter (speculum) en son dire. »
Pour cette raison la spéculation hégélienne, dans
sa systématicité, avant d’être une théorie
de la contradiction est une pensée de l’identité.
Sur le fond, Hegel ne contrevient pas au principe de (non)contradiction
(ou d’identité) qui caractérise l’entendement
: il en fait au contraire un moment essentiel (mais qui doit être
dépassé) de la Raison comme nécessité intérieure
de l’objet (logique propre à l’objet en ce que l’objet
est en propre), « rythme du tout organique ».
§ 47 – La nécessité de la philosophie
hégélienne comme système scientifique du vrai est
la nécessité d’une philosophie affirmant l’identité
de l’identité à soi qu’est le sens éternel
de l’être (l’être est toujours identique à
lui–même dans sa permanence) et de la différence d’avec
soi qu’est l’être temporel du sens (cette permanence
n’existe que dans ses formes temporelles diverses) ; c’est
ainsi que B. Bourgeois peut faire remarquer que dans le hégélianisme
« l’identité empiète sur la différence
(la raison est identité de l’identité et de la différence).
» Dit autrement, la scientificité hégélienne
réside dans l’identité processuelle (au sens où
elle n’est pas simultanée mais opère à travers
des médiations) de l’essence (identité) et de la forme
(différence) de l’être vrai.
§ 48 – Cette théorie de l’identité
pose immédiatement – et c’est fondamental – une
double nécessité : une nécessité d’existence,
de fait, historique, chronologique – puisque la raison éternelle
dont le système se veut la manifestation vraie est dans l’histoire
– ; une nécessité d’essence, de sens, spéculative,
logico–ontologique – puisque ce qui se réalise historiquement
ne fait que déployer le contenu de l’un des moments de l’autodétermination
éternelle qu’est le sens rationnel. Il existe donc une étroite
intimité entre la nécessité historique et la nécessité
logique qui fait la systématicité scientifique, intimité
dû au fait que leurs expositions respectives se font écho
comme expression d’une même nécessité totale
de la Raison dans l’Esprit absolu : la nécessité historique
n’existe que logiquement et la nécessité logique qu’historiquement…
Cette théorie de la double nécessité, corrélative
de la théorie de l’identité, est certainement le point
le plus “opérationnel” de la systématicité
spéculative dans la mesure où il permet de travailler simultanément
l’histoire et le concept, l’histoire dans son concept ou le
concept dans son histoire et ainsi éviter à la fois le formalisme
logique (que Hegel reproche à Kant) – puisque le sens est
dans l’histoire de son objet –, et l’historicisme –
puisque l’objet dans son histoire et histoire de son sens.
1. « Philosophie comme système de la science
» ou comme « système scientifique du vrai »,
« savoir vrai », « systématicité scientifique
» ou « spéculative », « encyclopédie
des sciences philosophiques »… Tout ces termes sont plus
ou moins synonymes et s’imbriquent. Il est difficile de les isoler
les uns des autres dans une définition unilatérale…
par définition, dans la mesure où ils n’existent
que dans le passage de l’un dans l’autre.
2. La science c’est le savoir vrai, c’est–à–dire
le savoir de la totalité dans son advenir, donc le savoir concret
(par opposition à l’abstraction qui sort la chose de la
totalité), le savoir de ce qui est, donc, rationnel. Savoir de
la totalité elle a pour caractère d’être systématique
dans son exposé de soi–même, c’est–à-dire
de tenir en permanence le tout dans le particulier, l’identique
dans le dissemblable, le point de départ dans le point d’arrivée
et réciproquement… La science est ainsi nécessairement
spéculative dans la mesure où cette systématicité
existe comme vérité de l’objet lui–même
(et non un schéma qu’on lui plaque dessus de l’extérieur)
; et spéculative elle ne peut être que systématique.
Elle est enfin nécessairement encyclopédique, non comme
somme au bout du compte (à la différence des encyclopédistes
du XVIIIe siècle), comme résultat, mais parce qu’elle
vise a priori le savoir comme totalité organique : l’Éncyclopédie
est bien l’encyclopédie des sciences, mais des sciences
philosophiques, c’est–à–dire du savoir vrai.
§ 49 – Cela pourrait rester toutefois encore
trop formel si l’on ne dit pas que la nécessité totale
dont il s’agit (nécessité historique et logique) implique
l’existence d’un Sujet dans l’identité duquel
tout se résout comme auto–différenciation de son identité
absolue : « la science de l’Absolu est essentiellement un
système, écrit Hegel, parce que le vrai concret existe seulement
en se développant en lui–même, en se saisissant et
se maintenant comme unité, c’est–à–dire
comme totalité » . Sans Sujet, il n’y a pas de systématicité
qui tienne , et pour cette raison la forme et le contenu sont identiques
(ce qui revient à définir la spéculation, comme on
vient de le voir) ou, si l’on préfère, « la
forme est un aspect du processus essentiel, non sa figuration abstraite
et séparable » : « c’est pourquoi il n’y
a aucune nécessité d’appliquer de l’extérieur
au contenu concret le formalisme ; celui–là est, en lui–même,
le passage dans celui–ci, lequel cependant, cesse d’être
un tel formalisme extérieur, parce que la forme est le devenir
indigène du contenu concret lui–même » qui est
« quelque chose d’effectif, un sujet, ou un advenir à
soi–même. » (§ 44)
§ 50 – Deux conséquences essentielles
découlent de ce qui précède. D’abord le fait
qu’il n’est pas possible de distinguer, comme le fait Engels,
la « méthode » qui serait le « côté
révolutionnaire » de la spéculation hégélienne,
du « système » qui serait son côté réactionnaire,
mystifié ou, comme le dit Marx de « découvrir dans
la gangue mystique le noyau rationnel ». Toute systématicité
embarque nécessairement sa nature spéculative, c’est–à–dire
son noyau rationnel qui n’est pas, comme Marx feint de le croire,
raison ratiocinante ou entendement, mais pensée concevante de l’unité,
c’est–à–dire du Sujet se pensant lui–même.
§ 51 – La seconde conséquence porte
sur ce que cela induit du point de vue du théoricien spéculatif
et de son activité théorique.
Le théoricien spéculatif est littéralement traversé
par sa spéculation – on a vu plus haut (§ 46) qu’il
doit s’abandonner à la vie de l’objet– dont il
n’est pas l’ « auteur » mais un simple vecteur
singulier, modeste porte–parole de la chose elle–même.
1. En ce sens Althusser a raison d’écrire
à propos de la conception marxienne de la critique que «
c’était le réel, la lutte de la classe ouvrière
qui agissait comme véritable auteur (agent) de la critique du
réel par lui–même » et que « l’individu
nommé Marx “écrivait” pour cet “auteur”,
infiniment plus grand que lui, pour lui mais d’abord par lui,
sous son insistance. »
2. Bordiga, lorsqu’il écrit : « Il faut éliminer
la personne en tant que sujet. Le parti est le seul organe qui doive
et soit capable de mener à bien la tâche de claritifcation
et d’enrichissement [de la théorie, n.d.a.] » , ne
fait que raisonner en marxiste conséquent.
§ 52 – De cette « modestie » découle
deux attitudes. J’ai déjà évoqué la
première comme refus de tout discours méthodologique préalable,
à laquelle il faut ajouter au niveau pratique le refus de toute
utopie : pas plus que Hegel ne s’est laissé aller à
définir un État idéal, Marx n’a définit
ce que doit être le communisme. La seconde attitude de cette modestie
est… l’immodestie phénoménale du théoricien
spéculatif comme seconde nature : doublement légitimé
par le fait qu’il ne parle pas de lui–même mais ne fait
qu’exposer la vie propre de son objet et que de ce fait il ne peut
qu’exprimer la totalité (l’objet dans son être–là,
son advenir et son Autre), le système exposé est nécessairement
unique, hégémonique et exclusif : il est forcément
un système clos.
Il en va ainsi du hégélianisme qui se pose lui–même
comme résolution de toute la pensée occidentale depuis ses
origines, contre toutes les philosophies qui l’ont précédé
; du « marxisme » comme alpha et oméga de la théorie
de la révolution communiste, contre tout ses concurrents théoriques
et politiques passés et présents ; des différents
courants de la théorie postprolétarienne comme « moment
groupusculaire » de celle–ci, les uns contre les autres –
mais à des degrés d’agressivité différents
selon le niveau de systématicité atteint.
§ 53 – Il faut insister sur une chose : il
n’y a de nécessité que systématique ou rationnelle
– ou spéculative, ce qui veut dire la même chose –
c’est–à–dire que comme rythme intérieur
du tout organique qu’est le Sujet en ses multiples déterminations.
Dans cette nécessité qui est autodéploiement, automouvement
vers soi, autodé–termination, identification à soi…
le Sujet ne sort jamais essentiellement de lui–même (s’il
s’aliène ce n’est que pour mieux se retrouver) dans
la mesure où il s’agit d’ « avoir la contradiction
pour ne pas l’être » de « se contredire pour ne
pas être contredit » : le devenir rationnel dans sa nécessité
est un advenir, une identité processuelle ou un processus identitaire
dans lequel la chose trouve son sens, c’est–à–dire
se (re)trouve dans son concept. Je l’ai déjà dit et
je le répète : sans Sujet, il n’y a pas de systématicité
qui tienne, il n’y a pas de pensée qui soit en mesure de
tenir la totalité : il n’y a que le heurt de déterminations
finies, donc PAS DE NECESSITE, seulement actions conséquentes ou
inconséquentes, des circonstances, une conjoncture particulière…
(§ 32)
§ 54 – Chez Hegel cette situation de disparition
du Sujet peut exister historiquement : « Le besoin de la philosophie,
écrit–il, [i.e. de la spéculation rationnelle] ne
peut naître qu’à des époques de crise lorsque
“la puissance de l’unification disparaît de la vie des
hommes et les oppositions perdent leur rapport vivant et leur réaction
réciproque et deviennent indépendantes ». La philosophie
ne peut surgir que sur la base d’une certaine situation historique
et celle–ci est la “scission”. “La scission est
à l’origine du besoin de la philosophie” » .
Dans de telles périodes la Raison qui unifie s’efface au
profit de l’entendement séparateur, mais ce n’est que
pour mieux préparer un nouveau triomphe de la Raison qui n’abdique
jamais : « Souvent il semble que l’esprit s’oublie,
se perde ; mais à l’intérieur il est toujours en opposition
avec lui–même. Il est progrès intérieur –
comme Hamlet dit de l’esprit de son père : “Bien travaillé,
vieille taupe !” – jusqu’à ce qu’il trouve
en lui–même assez de force pour soulever la croûte terrestre
qui le sépare du soleil (…). Alors l’édifice
sans âme, vermoulu, s’écroule et l’esprit se
montre sous la forme d’une nouvelle jeunesse. »
§ 55 – « Un temps d’arrêt
n’est pas l’arrêt du temps. Le creux de la vague n’est
pas l’océan. Le “Tout” hégélien
n’était pas le “Vrai” et sa vérité
n’était pas le Tout. Le résultat n’était
pas la fin. La taupe n’avait pas fini son travail. La négativité
s’appellera désormais Révolution. Lorsque la Révolution
aura accompli son travail souterrain, alors, dit Marx, “L’Europe
sautera de sa place et jubilera : Bien creusé, vieille taupe !
”
L’Esprit ne s’était pas oublié. »
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