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LIRE EGALEMENT

Les schémas du Manifeste

Le syllogisme marxien du prolétariat

Le système du vrai chez Hegel

L'histoire comme un radeau

 

Elle se fout de la contradiction et de la Fin de l’histoire…

§ 1 – « [Dans ce livre – La Situation des classes laborieuses en Angleterre n.d.a.] l’histoire universelle se passait tout autrement que dans les schémas du Manifeste.Tout y dépendait des conditions de vie (Lebensbedingungen) et de travail (Arbeitsbedingungen), faites aux exploités, tout y remontait à la grande dépossession de l’accumulation primitive qui avait jeté ces hommes à la maison brûlée dans les rues, et dans les bras des possesseurs locaux des moyens de production. Pas question de concept, de contradiction, de négation et de négativité, de primat des classes sur la lutte, du primat du négatif sur le positif. Mais une situation de fait, résultat de tout un processus historique imprévu mais nécessaire qui avait produit cette situation de fait : des exploités aux mains des exploiteurs. Quant à la lutte, elle était aussi le résultat d’une histoire factuelle. Ils s’étaient battus pour conserver leurs terres, on les avait battus pour les en déposséder, ils avaient perdus, ils s’étaient embauchés dans l’esclavage de la production et résistaient comme ils pouvaient (…).


§ 2 – « Que le chartisme fût défait est une autre histoire mais Engels tira lui aussi la leçon de ce qu’il avait pu observer (…) : qu’il y a bien une philosophie à l’œuvre dans l’histoire mais une philosophie sans philosophie, sans concepts ni contradiction et qu’elle agit au niveau de la nécessité des faits positifs et non au niveau du négatif ou des principes du concept, qu’elle se fout de la contradiction et de la Fin de l’histoire, qu’elle se fout même de la Révolution comme de la négativité du grand renversement, qu’elle est pratique, qu’en elle règne le primat de la pratique et de l’association des hommes sur la théorie et l’autonomie stirnérienne égoïste de l’individu, bref qu’il y a du vrai dans le Manifeste mais que tout y est faux car à l’envers, et que pour atteindre la vérité, il faut penser autrement. »


L. Althusser : Sur la pensée marxiste (1982), in Futur Anterieur, « Sur Althusser – Passages », éd. L’Harmattan, Paris 1993, p. 18.