fin
de la première partie
Six mois, six numéros
et cent feuilles… c'est le bilan quantitatif de la première
partie de la Matérielle que j’arrête
aujourd’hui.
Le système des « feuilles épisodiques » s’est
avéré être une forme de publication bien adaptée
au type de travail qu’a effectué la Matérielle
et à la diffusion par l’intermédiaire d’Internet.
Il aurait dû être couronné par un publication sous
forme de revue regroupant plusieurs numéros et vendue en librairie
– une étape que je ne peux réaliser aujourd’hui
faute de moyens – ce sera peut–être pour une autre fois.
Il s’est montré également bien adapté comme
complément du web–magazine qu’était
de fait le site de la Matérielle, en lui donnant une chronologie
que ne rend pas forcément un site électronique qui donne
tout à lire (à voir) en même temps.
Le bilan qualitatif est en revanche mitigé car le tamisier
n’a pas toujours réussi à séparer le bon grain
de la critique et l’ivraie de la polémique : je veux dire
l’excessive focalisation de la Matérielle sur le
travail de Théorie communiste, jusqu’à devenir
une chronique régulière qui s’est emballée
à partir du numéro 4 (février 2003) avec l’aigreur
des propos qui en est résulté de ma part. Jusqu’au
dernier numéro. la Matérielle est tombée
dans le piège qu’elle s’était elle–même
tendu.
la Matérielle n’a prise aucune initiative théorique
propre de nature à la sortir de son « sommeil criticiste
» ; les deux textes qui auraient pu le faire : Notre époque
(la Matérielle n°3) et la Cakewalk des «
faucons » de la classe capitaliste américaine, (la
Matérielle n°5), sont provisoires ou inachevés.
Cela n’a pu qu’amoindrir la portée des critiques que
la Matérielle était en mesure d’adresser
aux divers courants actuels de la théorie de la révolution
communiste dans leurs présupposés essentialistes et/ou spéculatifs.
Cela a contribué à enfermer celles–ci dans la problématique
de ces courants au lieu de développer positivement ce que ces critiques
étaient en mesure d’apporter à la théorie de
la révolution communiste.
Ce n’est pas un échec, mais ça lui ressemble…
il était donc temps de baisser le rideau et de tourner la page
pour repartir sur de nouvelles bases. C’est désormais chose
faite.
Malgré cette suspension de séance, les deux questions « programmatiques
» de la Matérielle demeurent plus que jamais valables
:
1) Comment une chose telle que la théorie
de la révolution communiste est–elle seulement encore possible,
après la caducité théorique du Sujet prolétarien,
moyennant la disparition de l’existence réelle de la classe
prolétaire comme sujet politique ?
2) Comment le conflit de la classe capitaliste et de la classe prolétaire
agissant strictement en tant que classes de cette société
pour défendre la matérialité de leurs conditions
respectives de vie, peut–il se produire historiquement comme révolution
et communisation immédiate de la société ?
Deux questions auxquelles je peux aujourd’hui ajouter une troisième
qui peut servir utilement de médiation entre les deux premières
:
3) Comment l’état actuel du monde s’inscrit-il
dans la reconfiguration du procès de subordination de la classe
prolétaire par la classe capitaliste ?
Christian Charrier |